JAPON: LE SOLEIL ROUGE

     Entre Matsumoto et Takayama, la route s'enroulait comme un serpent sur les flancs de la montagne, serpentant à travers une succession de tunnels obscurs. Le paysage, flou derrière les vitres embuées, se réduisait à de fugaces aperçus : un éclair de verdure, un torrent qui jaillissait d'une falaise. Le volant serré dans mes mains, je naviguais à travers ce labyrinthe de routes, plus préoccupé à bien négocier les virages serrés que par la beauté environnante.

     Heureusement, une parenthèse enchantée nous attendait : Kamikochi. Au cœur des Alpes japonaises, ce plateau était réputé pour ses panoramas à couper le souffle.

     Au parking de Sawando, l'excitation grandissait à l'idée d'échanger le ronronnement du moteur contre le murmure de la nature. Pour quelques yens, un bus nous emporta vers ce sanctuaire alpin..

     À 1500 mètres d'altitude, Kamikochi s'offrait à nous, un écrin de verdure préservé. Loin de la civilisation, le temps semblait suspendu dans ce vallon où la rivière Azusa, née du majestueux mont Yarigatake, glissait paisiblement. Le sentier qui longeait le cours d'eau était une invitation à la contemplation. À chaque pas, de nouveaux sommets surgissaient, leurs crêtes dessinant un panorama grandiose. C'était là, dans ce coin de paradis, que les Alpes japonaises dévoilaient toute leur beauté sauvage.

      L'accès au site est seulement possible entre début avril et le 15 novembre. (dates variables en fonction de la météo).

     Deux heures, c'est le temps qu'il nous faudra pour rallier Taishoike à Kappabashi, une simple étape dans une odyssée qui pourrait s'étendre sur une journée entière. Mais quelle étape !

     Nous entamons notre périple au bord du lac Taisho, un monstre né d'une nuit d'éruption. En 1915, le volcan Yakedate, dans un accès de colère, vomissait une coulée de lave qui, tel un barrage naturel, reteint les eaux tumultueuses de l'Azusa. Aujourd'hui, les troncs d'arbres pétrifiés, témoins silencieux de cette catastrophe, dressent leurs silhouettes fantomatiques vers un ciel souvent bleu.

     Le sentier, sinueux et capricieux, nous entraîne à travers des paysages qui semblent tout droit sortis d'un rêve. Des marécages mystérieux aux bois pétrifiés, en passant par des prairies verdoyantes, la nature ici est à la fois sauvage et sublime. La montagne, omniprésente, veille sur nous telle une sentinelle éternelle. 

     Un ours noir a été aperçu il y a quelques jours à peine... Une rencontre fortuite qui aurait pu transformer notre balade en aventure palpitante. Mais la nature, dans sa grande sagesse, a préféré nous épargner cette émotion.

     Nous atteignons enfin Kappabashi, un pont frêle jeté sur les eaux cristallines de l'Azusa. L'eau, d'une pureté absolue, invite à la contemplation. Mais attention à ne pas céder à la tentation de la baignade ! L'eau est glaciale, un véritable choc thermique pourrait s'avérer fatal.

      Non loin de là, une stèle commémore Walter Weston, un pionnier de l'alpinisme qui a tellement aimé ces montagnes qu'il leur a donné leur nom suite à la parution de son traité d'escalade: "Mountaireering and Exploration in the Japanese Alps". 

     Son tombeau, modeste mais chargé d'histoire, est un hommage à cet homme qui a su trouver en ces lieux sauvages une source d'inspiration inépuisable.

     Les saisons rythment la vie de ce coin de paradis. Si l'été nous offre des journées ensoleillées et lumineuses, l'hiver transforme le paysage en un océan de blanc. La neige, alors, recouvre tout, isolant ce lieu du monde. Seule la nature règne en maître.

     Pour vous aider à bien préparer votre prochain séjour en ce lieu, voici le tableau des températures moyennes mensuelles relevées sur le site...